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MAMELI

et allié de l’Autriche, finissent tout d’abord dans le sang.

Mais la royauté italienne pourrait tromper encore et laisser des illusions ; le Piémont se charge d’éclairer l’Italie ; il enseigne le mépris des rois.

Les faux dieux sont brisés ; un seul reste, l’idole des idoles. Restent les derniers idolâtres, les partisans du pape ; insensés qui rattachent l’espérance de la liberté à son ennemi, au représentant même de l’autorité sur la terre, au concurrent impie de Dieu. La question s’approfondit, elle entre au sanctuaire ; l’Italie touche le nœud même de la révolution, la démonstration du mensonge des mensonges, la fausse incarnation du prêtre-roi.

Pour ce grand et dernier mystère, la scène est le cœur même de l’Italie c’est Rome. Rome proclame la foi nouvelle, élève la bannière : Dio e il Popolo. Elle la soutient ferme devant le poignard fratricide. Tragique issue, douloureuse à jamais ! Mais peut-être jamais autrement, sans cet événement impie, la suprême impiété, le sanguinaire Baal n’aurait disparu de ce monde.

Cela fini, tout est fini. Applaudissez, pleurez !…

Non, pas encore ! La sentinelle avancée, l’héroïque Venise, tient contre le destin. Rome est morte, la Hongrie est morte ; Venise, restée seule, proteste pour le monde ; elle tombe et plonge au fond des mers.

Voilà tout le drame italien. Palerme, Messine, Milan en font l’exposition. Le nœud est le Piémont. Le cœur du drame est Rome. Le sublime épilogue, enfin, est la défense de Venise.