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APPENDICE

de la patrie, mon ami ; je vous supplie, prenez soin de sa mère. Si ma fortune était proportionnée à mon désir d’obliger, je n’aurais pas révélé ce secret, mais le ciel ne m’a pas favorisé du côté des richesses. » (T. H, 196.)


Hoche n’est pas moins bon pour le soldat.


« … Mon cher général (le général Kricq), si les soldats étaient philosophes, ils ne se battraient pas. Tu ne veux pas qu’ils soient ivrognes, ni moi non plus ; mais examine quelles peuvent être les jouissances d’un homme campé, et qui peut le dédommager des nuits blanches qu’il passe ? Corrigeons pourtant les ivrognes, surtout lorsque l’ivresse les fait manquer à leurs devoirs. Il est un moyen d’y parvenir ; c’est de donner à nos enfants une éducation nerveuse, et dont les principes feraient détester l’ivrognerie, les jeux de hasard, la lâcheté et les autres misères de la vie humaine. Hélas ! s’il est dans la nature de l’homme d’être bon et vertueux, il faut avouer que nos institutions dites sociales, et que je regarde comme destructives, l’ont fait bien dégénérer.

« Mais où diable vais-je me fourrer ? Je parle presque comme un rhéteur. »


Il faut lire la lettre suivante qui, sans que Hoche le cherche, met en parallèle le soldat qui souffre sans cesser d’être honnête, et les fournisseurs grassement nourris qui dilapident les biens de l’État.

« … L’esprit du soldat est généralement bon. Il aime à bien servir ; mais il veut être commandé et encouragé. Loin de nous ces hommes qui le regardent ou qui le traitent comme un vil mercenaire ! La classe des simples fusiliers est la plus pure et la plus estimable de l’armée. Nous devons l’aimer, la considérer, et proportionner nos attentions à ses besoins. Qui ne sait qu’il est tel grenadier doué d’un plus grand sens que son général ? Dans les armées indisciplinées seulement, la multitude peut devenir méprisable par la licence à laquelle elle est abandonnée. Sous de bons chefs, elle reprend ses vertus, elle sert l’État qui naguère en était opprimé.

« … Les administrateurs des chariots, vivres, etc., mènent le plus beau train du monde ; la République est là, disent-ils. C’est dans ce cloaque qu’il faut raviver l’amour des devoirs,