Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/269

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les Brigands. Il inséra dans la dernière œuvre un certain nombre de traits composés primitivement pour la seconde. Si l’on veut approfondir Schiller, il faut arrêter sa vue sur cette période décisive, et chercher sous l’influence de quelle étoile irritée, sous les yeux de quel génie vengeur il a pu lancer au monde sa première et sa plus terrible imprécation. Le toit qui l’abritait alors ne lui rappelaitnulle-ment le toit paternel. Les douces fées du jeune âge, les souvenirs du berceau fuyaient ces murs austères. Partout, la surveillance et la contrainte. Ce n’était pas assez d’avoir détourné sa vocation, il fallait encore renoncer au loisir, aux plus innocents caprices. Néanmoins, quelque sévère que fût la discipline, Schiller s’y soumit toujours avec résignation. Mais l’ineptie et l’arbitraire de ses supérieurs lui faisaient perdre patience. Une raillerie mordante, un brocard acéré devenaient alors entre ses mains des armes défensives, qui lui servaient à repousser leurs attaques illicites. Son caractère particulier augmentait d’ailleurs l’effet que ces causes générales eussent produit sur lui, quand même rien ne les eût secondées. Jamais Ame plus subjective, plus lyrique si l’on veut, n’habita passagèrement une enveloppe mortelle. L’univers physique l’intéressait à peine ; les abîmes cachés du monde intérieur lui offraient une immense région,où se déployait sa véritable existence.