Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/270

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Les idées empiriques, que les sens charriaient jusqu’à cet élysée mystérieux, s’y transformaient au gré de la magicienne qui leur ouvrait ses Etats. Elle ne les acceptait point toutes ni dans leur entier, mais les choisissait et les épurait. Le grand homme vivait en lui-même comme dans une citadelle. Ses actions et leurs motifs sortaient tout armés de son esprit, et assujettissaient la réalité. Comment, avec une pareille disposition, aurail-il habitué son intelligence à manœuvrer selon le règlement scolaire? Lorsque d’une salle d’étude on le faisait passer dans une autre, ses idées l’y suivaient, et les discours du professeur échouaient contre ce bataillon serré. Quelquefois les usages de la maison venaient troubler ses rêveries. Il abandonnait alors avec chagrin la fenêtre parée de touffes de lys, où il passait dans l’exaltation les plus doux moments qui soient comptés à l’homme. La manière furtive dont il écrivit les Brigands rendit encore plus odieuse cette gêne éternelle. Quand l’heure du couvre-feu retentissait dans les préaux abandonnés, il fallait que toutes les lumières disparussent. La nuit et le silence éveillaient pourtant l’imagination du poète captif, et il ne lui restait pas un moment durant le jour. Il feignait donc un malaise, et se transportait à l’infirmerie où 011 lui accordait une lampe. Cette pâle lueur lui permit d’évoquer les spectres menaçants, qui effrayèrent ensuite l’Allemagne. Est-il exlraordinaire