Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/291

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plan de l’Amour et l’Intrigue. Quelque rude nécessité qui l’aiguillonnât, il ne put refondre son ancienne pièce avant de s’être donné le plaisir d’esquisser la nouvelle. Leur logis se trouvait près d’une longue avenue de peupliers qu’agitait le moindre venl. C’était leur unique promenade. Combien de fois n’y rêvèrent-ils point sous le blême soleil de l’automne, pendant que les feuilles jaunies se détachaient des rameaux comme les espérances de leur cœur, et fuyaient devant la bise comme leurs songes devant les tristesses de l’expérience! Il leur semblait voir dans ces arbres mélancoliques une allée de pyramides funèbres.

Streicher savailque le poète ressentait vivement les effets de la musique, même la plus ordinaire. Lorsque le soir était venu, il se mettait donc à son clavier, dans la double nuit du ciel et de la chambre. La lune, aussi triste que leur âme, laissait tomber ses rayons par la fenêtre ouverte. Schiller, composant de tête, allait et venait durant de longues heures. Tantôt la déesse nocturne illuminait son visage, tantôt il disparaissait au milieu des ombres. Souvent il laissait échapper un vague murmure et des sons inspirés. Les joyeuses mélodies égayaient son affliction, les airs douloureux l’attendrissaient comme une voix de son cœur pleurant dans les ténèbres.

Après un mois de séjour à Oggersheim, la Conjuration de Fiesque n’était pas encore achevée.