Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/295

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lorsqu’une fièvre intermittente paralysa son génie. Elle lui enleva d’abord les forces morales que nécessite la composition. Au bout de quelques jours seulement, il put se remettre à l’œuvre dans les intervalles de sa maladie. La lâche qu’il devait remplir ne lui offrait d’ailleurs aucun charme. Il s’agissait d’approprier au goût des acteurs la Conjuration de Fiesque et l’Amour et VIntrigue. Les objections dont on le tourmentait sans cesse portaient sur de misérables détails, et son âme rêveuse, attristée par ces fadaises, employait à gémir le temps qui eût suffi pour la correction. Mais ce n’était point assez; il devait encore répondre aux lettres de ses parents , que son malheur désolait, non pas comme un événement fâcheux, mais comme une sorte de honte. Enfin, durant le mois de janvier 1784, son second drame fut représenté sans obtenir de succès.

Heureusement VAmour et l’Intrigue, qu’on joua peu de temps après Fiesco, lui valut des applaudissements universels II en ressentit une grande joie, mais sa position ne fut pas améliorée. Il se trouvait quelquefois dans une telle gêne, malgré ses emprunts, qu’il doutait de pouvoir subsister le jour suivant. De plus, il luttait contre tous les ennuis du célibat et de la pauvreté. Sa blanchisseuse l’interrompait au milieu d’un monologue, le serviteur chargé de son ménage oubliait de venir. Le matin, lorsqu’il se disposait à rendre une visite,