Page:Michiels - Études sur l'Allemagne, renfermant Une histoire de la peinture allemande, 1845.djvu/299

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main forte contre les émotions violentes auxquelles son courage succombait. Il finit par briser ces liens, et courut chercher le repos à Weimar. C’était en 1787. Gœthe songeait alors au milieu des ruines italiennes. Wieland fut le premier qui tendit les bras au pauvre naufragé: il lui ouvrit les colonnes du Mercure allemand. Un voyage. que Schiller fit quelques mois après, l’entraîna dans une nouvelle passion. Il renoua connaissance avec la famille Lengefeld, qui habitait Rudolstadt et lui avait jadis rendu visite à Manheim. Là il s’éprit de la gracieuse et intelligente Charlotte, dont la sœur aînée nous a transmis beaucoup de renseignements sur l’auteur de Guillaume Tell. Leur vie intérieure composait un charmant tableau. Les deux jeunes filles lisaient ardemment les poètes, et s’égaraient avec eux dans ce monde éblouissant que leur dérobaient les vertes montagnes de la Franconie. Gœthe et Rousseau étaient leurs dieux domestiques. Ainsi préparées aux sublimes élans de Schiller, on ne doit pas s’étonner que l’une d’elles ait répondu à son affection. Durant dix-huit mois, ils gardèrent chacun leur secret. Une heureuse circonstance mit enfin leur réserve en défaut, et le même aveu se rencontra sur leur bouche; ils jurèrent d’unir leur existence. Depuis le commencement de 1789, Schiller professait l’histoire à Iéna. Mais ses honoraires étaient