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Thadée, et du hasard redoutant l’inconstance,
Elle veut le garder et termine la danse.
Puis elle va remplir les verres d’hydromel.

Le soleil s’est caché ; l’air est tiède ; le ciel
Où parfois un léger nuage se repose,
A sa voute bleuâtre et sa lisière rose.
Tous ces nuages blancs faiblement empourprés
Dorment comme un troupeau de brebis dans les prés,
Ou, plus petits, ont l’air de bandes de sarcelles.
L’un d’eux, à l’horizon, vrai rideau de dentelles,
Transparent et plissé, nacré sur le ciel bleu,
Tout doré sur les bords et pourpre en son milieu,
Aux lueurs du couchant luit et scintille encore.
Il jaunit par degrés, devient pâle, incolore.
Le soleil, s’en couvrant par un suprême effort,
Lance un dernier soupir de flamme, puis s’endort.
La noblesse en gaîté n’a pas cessé de boire
À l’Empereur, aux chefs, à l’amour, à la gloire,
Puis tour à tour aux trois couples de fiancés,
Aux invités présents, à tant d’absents forcés,
Aux vivants dispersés sur la terre étrangère,
Aux morts dont la mémoire est toujours sainte et chère.

De ce joyeux festin j’ai pris ma part aussi ;
Et tout ce que j’ai vu, je le rapporte ici.


FIN