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qui ne comencent à aprécier une idée qu’après qu’il leur a été péremptoirement démontré qu’èle était déjà familière à leurs grand-pères ou à leurs arrière-grand’mères.

Eh bien ! ceus-là seront satisfaits d’aprendre que la question de la langue internacionale artificièle a sérieuzement préocupé, depuis le xvie siècle, les plus hautes inteligences des nacions civilizées.

Je crois qu’il me sufira de doner quelques noms pour convaincre les plus incrédules que nous avons de qui tenir : Bacon, Descartes, Pascal, Leibnitz, Condillac, Locke, Montesquieu, Voltaire, Diderot, tous les enciclopédistes, Volney, Ampère, Grimm. Et plus résament : Littré, Renan, Max Muller. Enfin, de notre temps : Elie Reclus, Novicow, Michel Bréal, Tolstoï.

Ne vous semble-t-il pas, Mesdemoizèles, que l’opinion de tels homes vaut bien qu’on s’y arrête ?

Parmi la centaine d’essais qui ont été tentés depuis deux siècles pour doter le monde d’une langue internacionale, pluzieurs furent remarquables, quoique n’ayant pu réunir les qualités que nous avons démontrées indispensables à la solucion du problème.

Ainsi, le Mercury de l’évêque Wilkins, la Langue universèle de Letellier, le Chabé de l’injénieur Maldan, le Spokil du docteur Nicolas, la Langue catolique de Liptay, la Lingua internacional de J. Lott…

Il convient de faire une mencion particulière du Volapuk de l’abbé Schleyer, qui, après avoir soulevé à son aparicion un immense entousiasme, n’a plus aujourd’hui que d’assez rares adeptes.

L’échec du Volapuk sert souvent d’argument aus incrédules, mais la réponse est trop aizée. Le Volapuk fut la créacion d’un poliglote qui n’était pas filologue.

Au lieu d’y voir une fin, il n’y faut voir qu’une ébauche. Il est à l’Espéranto ce que la marmite de Papin est à la locomotive d’aujourd’hui ou le vélocipède d’il y a quarante ans à la fine biciclète du dernier modèle.

(Il est une autre solucion de la langue internacionale qu’il serait injuste de ne pas mencioner avec les plus grands élojes. C’est la « langue bleue » de M. Léon Bollack. Très injénieusement construite, mais non capable d’expression litéraire, ce qui est à mes ieus son défaut capital, èle est à ce moment la seule digne d’être opozée à l’ « Espéranto ».)

En some, ce qu’il faut retenir de ce court rézumé, c’est que la nécesité d’une langue internacionale est proclamée depuis trois cents ans par les meilleurs esprits, que de nombreus essais ont