Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/214

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goût et de sens dans les affaires humaines. Ceci ne peut guère être nié par quiconque ne croit pas que le monde ait atteint la perfection dans toutes ses façons et coutumes.

Il est vrai que ce service ne peut être rendu par tout le monde indistinctement. Il n’y a que peu de personnes, en comparaison de toute l’espèce humaine, dont les expériences, si on les adoptait généralement, feraient faire un progrès sur la coutume établie. Mais ces quelques personnes sont le sel de la terre ; sans elles la vie humaine deviendrait une mare stagnante. Elles ne font pas qu’introduire un bien inconnu, elles entretiennent la vie dans celui qui existait déjà.

S’il n’y avait rien de nouveau à faire, est-ce que l’intelligence humaine cesserait d’être nécessaire ? Serait-ce une raison pour que ceux qui font des choses d’ancienne date, oublient pourquoi ils les font, les accomplissant comme des brutes et non comme des êtres humains ? Les meilleures croyances et les meilleures pratiques n’ont qu’une trop grande tendance à dégénérer en quelque chose de mécanique ; et à moins qu’il n’y ait une suite de personnes dont l’originalité toujours infatigable entretienne la vie dans ces croyances et dans ces pratiques, une lettre aussi morte ne résisterait guère au plus léger choc de quelque chose de réellement vivant ; il n’y aurait pas de raison alors pour que la civilisation