Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/264

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restrictions mises aux amusements du dimanche, à dire que ces amusements sont répréhensibles au point de vue religieux, un motif de législation contre lequel on ne peut protester trop vigoureusement. « Deorum injuræ Diis curæ. » Il reste à établir que la société, ou quelqu’un de ses fonctionnaires, a reçu d’en haut la mission de venger toute offense supposée envers la puissance suprême, qui n’est pas aussi un tort fait à nos semblables. L’idée qu’il est du devoir d’un homme qu’un autre soit religieux, fut la cause de toutes les persécutions religieuses qu’on ait jamais ordonnées ; et si elle était reçue, elle les justifierait pleinement. Quoique le sentiment qui se manifeste dans les tentatives souvent répétées pour empêcher les chemins de fer de marcher le dimanche, les musées d’être ouverts, etc., n’ait pas la cruauté des anciens persécuteurs, il y a là toutefois l’indice d’un état d’esprit qui est absolument le même. C’est une détermination de ne pas tolérer chez les autres ce que leur religion leur permet, mais ce que la religion du persécuteur leur défend. C’est une persuasion que Dieu, non-seulement déteste l’acte de l’infidèle, mais encore ne nous tiendra pas pour innocents, si nous le laissons en repos.

Je ne puis m’empêcher d’ajouter à ces preuves du peu de compte qu’on fait généralement de la liberté humaine, le langage de franche persécution que laisse échapper la presse de notre pays toutes les fois