Page:Mill - La Liberté, trad Dupont-White, 1860.djvu/294

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influence nuisible sur l’opinion, la science exigée (outre les parties purement élémentaires du savoir, comme les langues et leur usage) pour passer un examen même de l’ordre le plus élevé devrait consister exclusivement en faits et en sciences positives. Les examens sur la religion, la politique ou tout autre sujet de discussion, ne porteraient pas sur la vérité ou la fausseté des opinions, mais sur ce fait que telle ou telle opinion est professée d’après tels motifs, par tels auteurs ou telles écoles ou telles églises. D’après ce système, la génération naissante ne serait pas pire, par rapport à toutes les vérités discutées, qu’elle ne l’est à présent ; on ferait des hommes ce qu’ils sont maintenant, ou des partisans de la religion dominante ou des dissidents ; seulement l’État prendrait soin que dans l’un ou l’autre cas ils fussent instruits. Il n’y aurait pas d’obstacle à ce qu’on leur enseignât la religion, si les parents le voulaient, aux écoles où on leur enseigne tout le reste.

Tous les efforts de l’État pour influencer le jugement des citoyens sur des sujets discutés sont nuisibles ; mais l’État peut parfaitement offrir d’assurer et de certifier qu’une personne possède la science nécessaire pour rendre son opinion sur un sujet donné, digne d’attention. Il n’en vaudrait que mieux pour un étudiant en philosophie de pouvoir subir un examen et sur Locke et sur Kant, n’importe lequel