Page:Millanvoye — Anthologie des poètes de Montmartre, éd7.djvu/121

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Autour, dans un rare décor
Où des esclaves accoudées
Rêvent parmi les orchidées ;
L’âge où je n’avais pas encor

Brûlé ma dernière cartouche,
Quand ma maîtresse, joliment
Me grondait d’être trop gourmand
Et toujours porté sur sa bouche !

Et malgré ton éclat, Printemps,
Et les serments des amoureuses,
Je sens les angoisses peureuses
Du deuil automnal et du temps.

Où tous nos bonheurs, par jonchées,
Avec les rameaux arrachés
Sont lamentablement couchés
Sur les pelouses desséchées.

Des hommes, beaux comme des dieux,
Emmènent à leur bras des femmes
Qui sont belles comme les femmes ;
Toutes et tous ont dans leurs yeux

Des regards longs comme des lances.
Ils passent devant ma maison,
Ils me disent : Viens-tu ?… Mais on
Ne me la fait plus aux troublances !…