Page:Millanvoye — Anthologie des poètes de Montmartre, éd7.djvu/247

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Lorsqu’on me rappela comment,
Par l’effet de quel dévouement,
Les fleurs nous portaient l’agrément
De leurs qualités séduisantes.

Que, délaissant l’aurore en pleurs,
Pour mettre au son de leurs couleurs,
Sur nos citadines douleurs,
Le baume de leur fraîche haleine,
Les charmeuses ont déserté
Les ciels chauds et la liberté,
Le beau papillon velouté
Et le silence de la plaine,

Le fouillis jaseur des gazons...
Pour venir entre les cloisons
De nos étouffantes prisons
Mourir sous l’arrosoir stupide,
Et que, même avant cet enfer,
Beaucoup d’entre elles ont souffert,
Dans une grande cage en fer,
Un long esclavage intrépide !

Alors, tout bas, j’ai dit merci !
Même aux pétales du souci...
Aux œillets, aux lilas, ainsi
Qu’au gai marché qui s’en décore,
Souhaitant que nos cœurs usés,
Quand viendra l’hiver des baisers,
Trouvent, quoique désabusés.
Quelque moyen d’y croire !

Paris rose, P. Ollendorff.