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ACTE DEUXIÈME
DORA.

Je vois bien ce qui vous empêche de me dire que vous m’aimez… c’est que je n’ai pas la peau blanche, vous me trouvez vilaine, vous me trouvez affreuse.

FRONTIGNAC.

Quant à ça, non, par exemple.

DORA.

Oh si !

FRONTIGNAC.

Je vous trouve jolie au contraire, charmante, adorable.

DORA.

Eh bien ! alors !

FRONTIGNAC.

Eh bien… ah ! ma foi, je n’y tiens plus… Tenez, voilà comme je vous trouve laide, (Il l’embrasse.) voilà comme je vous trouve affreuse.

Il l’embrasse.

DORA.

À la bonne heure, c’est très-bien… allez donc !

FRONTIGNAC.

Non, ce n’est pas bien, c’est très-mal, au contraire.

DORA.

Comment, très-mal ?

FRONTIGNAC.

Oui, parce que les circonstances… si je pouvais vous dire, mais je ne peux pas… vous avez beau me regarder, vous avez beau sourire… je ne veux plus vous embrasser, je ne veux plus, je ne veux plus.

Il se recule effrayé.

DORA.

Il est bête, ce petit bonhomme.

Entre le commandant.