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ACTE DEUXIÈME

nais pas et que je n’aime pas, et qui embrasse votre femme dans tous les coins, oui, dans tous les coins, ne me dites pas le contraire.

RÉNÉ.

Je ne vous dis pas le contraire !

DORA.

Et ça ne vous fait pas plus d’effet que ça ?

RÉNÉ.

C’est que je vais vous expliquer… je suis bien le mari d’Antoinette… mais ce n’est pas un mariage…

DORA.

Comment, ce n’est pas…

RÉNÉ.

Si fait, c’est bien un mariage, si vous voulez, mais c’est… je ne sais trop comment vous dire… c’est un mariage de convenance…

DORA.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

RÉNÉ.

Un mariage de convenance est un mariage dans lequel on convient de se laisser l’un à l’autre une certaine liberté. Ainsi, vous avez vu ma femme…

DORA.

Oh oui ! quant à ça…

RÉNÉ.

Eh bien, moi aussi, de mon côté, je me suis réservé la liberté de tomber à vos pieds la première fois que je vous rencontrerais, et de vous dire que je vous aime toujours !

DORA.

Réné…

RÉNÉ.

Vous ne voulez pas que je vous dise ?

DORA.

Non, par exemple…

RÉNÉ.

J’ai bien le droit au moins de vous rappeler le passé… il y a trois ans, Dora… là-bas… vous rappelez-vous ?