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LA CRÉOLE
RÉNÉ.
––––Allons, voyons, un peu de confiance,
––––––Laissez-moi faire, et vous verrez,
––––––Et pour sceller cette alliance
––––––Un baiser que vous me rendrez !
DORA.
––––––Vous êtes bien toujours le même.
RÉNÉ, l’enlaçant.
–––––––Dora, puisque je vous aime.
ENSEMBLE.
RÉNÉ.
–––––––Perdez, s’il le faut, la tête,
–––––––Je vous aim’ et je suis là.
––––––C’n’est jamais bête, jamais bête,
––––––Jamais bêt’ d’êtr" bonne comme ça !
DORA.
–––––––Vous me fait’s perdre la tête,
–––––––J’deviens foll’ quand vous êtes là,
––––––Ah ! qu’on est bête, ah ! qu’on est bête !
––––––Ah ! qu’on est bêt’ d’êtr’ bonne comm’ ça !
RÉNÉ, voulant l’embrasser.

Dora !

DORA.

Eh bien, non, je n’entends rien, moi, à toutes ces finasseries d’une amitié qui va jusqu’à l’amour, et d’un amour qui s’en tient à l’amitié… Nous autres là-bas… les sauvages… nous aimons ou nous n’aimons pas… Quand nous aimons… ah !… quand nous aimons… mais quand nous n’aimons pas, nous n’aimons pas, voilà qui est net ; or, vous, je ne peux pas vous aimer, puisque vous êtes le mari d’une autre femme.

RÉNÉ.

Et si je n’étais pas…

DORA.

Qu’est-ce que vous dites ?