Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/124

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Toute réalité est dans l’amour du Père. Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

Paix sur la terre, ô mon épouse, ô femme ! paix dans tout l’empire irréel, aux âmes de douceur pour qui tu fais chanter les sept cordes de l’arc-en-ciel ! Quand je contemple, ô Reine, ta face renversée, j’ai le cher sentiment que toutes mes pensées naissent dans ton suave cœur ! Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.

Et pourtant, — et pourtant je voudrais m’endormir sur ce trône du Temps ! Tomber de bas en haut dans l’abîme divin ! M’asseoir à jamais immobile parmi les sages. Oublier que le mot « ici » était absent de mon langage. Car moi qui crée sans cesse pour mériter le Rien, je suis le désir de la fin, Malchut, de la fin, de la fin des fins ! Oh ! te coucher, épouse morte, dans mon cœur, et te ressusciter pour le jour éternel du Père ! Le lieu où nous sommes, Malchut, est le milieu de la Hauteur.