Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et l’or du chandelier, saisi par les ténèbres de l’ignorance, est devenu le père de la négation, du vol, de l’adultère et du massacre.

Ceci est la clef des deux mondes de la lumière et des ténèbres. Ô compagnon de service !

Pour l’amour de cette heure ensoleillée de nos nuits,

Pour la sécurité de ce secret entre toi et moi,

Souffle-moi la parole enveloppée de soleil, le mot chargé de foudre de ce temps dangereux.

Je t’ai nommé ! te voici dans le rayon avant-coureur au sein du nuage figé, muet comme le plomb,

Dans le bond et le vent de la masse de feu,

Dans l’apparition de l’esprit virginal de l’or,

Dans le passage de l’ove à la sphère,

Dans l’arrêt merveilleux et dans la sainte descente, quand tu regardes l’homme entre les deux sourcils,

Dans l’immobilité de la nuée infinie, d’une seule prière, ouvrage des orfèvres du Royaume,

Dans le retour à la désolation mariée au Temps,

Dans le chuchotement de compassion qui l’accompagne.

Mais la clef d’or de la sainte science est demeurée dans mon cœur.

Elle m’ouvrira encore le monde de lumière. Gravir les degrés jusqu’à se sentir pénétré de la matière même de l’espace pur,

Ce n’est pas connaître ; c’est enregistrer encore des phénomènes de manifestation.

Le chemin qui mène du peu au beaucoup n’est pas celui de la sainte science.

Je viens de décrire l’ascension vers la connaissance. Il faut s’élever jusqu’à ce lieu solaire