Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/102

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donc en ce sens un détour de quelques centaines de mètres ; mais on n’y découvrit rien et il fallut se résoudre à aller bivaquer pour cette nuit dans un bosquet de petits peupliers. Cependant, à quelque distance sur sa gauche, une troupe de loups ne cessaient de hurler, de grogner et de se battre. Cheadle avait grande envie d’y aller voir. Il supposait que l’objet qu’ils se disputaient était tout simplement la viande qu’on avait laissée empaquetée sur les traîneaux dans le camp. La Ronde pensait différemment. Il affirmait que le camp devait être à leur droite et que d’ailleurs les loups n’auraient pas l’audace d’entrer si promptement dans une place pleine de couvertures et d’autres objets à l’usage des hommes.

Cette nuit était très-froide et très-claire. Le feu se trouvait misérableement petit, car le seul bois sec qu’on avait pu se procurer consistait en branchages de tremble, gros comme des baguettes à ramer les pois. Or, les couvertures et les robes de bison avaient été laissées dans le vieux camp, en sorte que les chasseurs étaient encore presque dans la même situation que quelques nuits auparavant. Cette fois, ils se mirent sous une grande toile imperméable qu’ils avaient emportée pour en envelopper la viande et qui était presque moins efficace que la peau fraîche ne l’avait été. L’humidité de la respiration se condensait et formait à l’intérieur de ce drap des glaçons qui faisaient ainsi disparaître tout l’avantage qu’on s’était promis en dormant la tête sous la couverture. On ne put donc pas plus dormir que dans la nuit que nous rappelons ; comme l’autre, celle-ci s’écoula à attendre avec ennui l’arrivée du jour, à se promener en long et en large, à nourrir les feu, à épier les progrès d’Orion et à écouter les grognements et les hurlements des loups. C’était à n’en pas finir.

Cependant, comme on avait cherché à trouver le camp à peu près jusqu’à minuit, il est clair que la période vraiment insupportable de cette nuit ne fut, quant au temps, que la