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AU PACIFIQUE.


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mis en marche pour le lac au Poisson-Blanc. Il y avait trouvé moins à vivre que chez lui. Le poisson avait été bientôt épuisé et l’on ne pouvait y suppléer que par un des animaux, martre, foutereau ou loutre, que Kékékounrsisprenait de temps en temps dans ses trappes, ou par des perdrix ou des lapins qui étaient abattus plr Milton ; mais ce gibier commençait à disparattre du voisinage immédiat et la nécessité de l’abstinence devenait fort désagréable, quand le Chasseur et son fils arrivèrent enfin avec le pemmican qu’envoyait Cheadle.

Après son retour, Kinémontiayou s’en alla dans )a forét à la chasse de l’élan. Il n’eut aucun succès durant plusieurs jours. Alors il rentra pour adresser une invocation solennelle au Manitou 1 afin qu’il bénit sa prochaine tentative. On tira au dehors les tambours ; on fit des crecelles avec des vessies garnies de cailloux, on revêtit des ceintures médicinales de peau de loup et on prépara d’autres mMecims ou objets magiques, comme des peaux d’hermine et de rat musqué, ornées de verroterie. Le Chasseur et son beau-père battirent le tambour, agitèrent des crecelles. et chantèrent des chansons qui, au bout de quelques heures, se terminèrent par un long discours que les deux dévots débitèrent ensemble. Ils y prenaient l’engagement d’offrir au Manitou, en cas de réussite, la meilleure de leur viande et de composer une nouvelle chanson en son honneur.

Avant le jour. IUnémontiayou partit, et le soir, il revenait plein de joie, car sa prière avait été parfaitement exaucée, puisqu’il avait tué deux élans. Cet animal est sacré. Il faut en avaler immédiatement plusieurs portions. comme la poitrine, le foie, les rognons et la langue ; le reste doit étre consommé en un seul repas. Les femmes n’ont pas le droit de goOter à la langue, et les chiens n’en peuvent manger aucun des restes, qui doivent


1. Ces IlIdiens croient en un Grand Esprit ou plutÔt en un Parfait Esprit, le JIanltou proprement dit, et en un grand nombre d’Esprits ou de Manitous inf_ rieurs. C’est àees derniers qu’ils para1asent surtout adresser leurs invocations. (Bd.)