Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/16

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Le premier avait vécu au Cap sous les ordres de sir Harry Smith ; en vingt-quatre heures, il avait fourni une course de cent cinquante milles avec le même cheval, et ses hauts faits étaient loin d’en rester là. Quant au major, il donnait la entendre qu’il devait le poste important qu’on lui avait confié sur la frontière à la nécessité sentie par le gouvernement anglais, depuis le commencement de l’inquiétude causée par l’affaire du Trent, d’avoir en cet endroit un homme sur le courage et sur le talent duquel il pût compter au besoin.

Le lendemain, nous étions rentrés à Toronto, et nous nous dirigions sans perte de temps sur la Rivière Rouge. En traversant aussi vite que possible, par chemin de fer, Détroit et Chicago, nous arrivâmes à La Crosse, dans l’état de Wisconsin, sur le haut Mississipi.

Durant ce long parcours, les wagons à coucher nous parurent une merveilleuse invention et nous nous en servîmes pour ne voyager guère que de nuit. Un wagon à coucher ressemble aux wagons ordinaires des chemins de fer. Il a, suivant la coutume américaine, un passage au centre ; mais chaque côté en est occupé par deux rangs de cases semblables à celles qui sont à bord d’un navire. Vous allez « à bord, » vous changez de vêtements et de bottes, et vous vous mettez tranquillement à dormir. Le lendemain matin, vous êtes réveillé par le domestique nègre, à temps pour vous arrêter à votre destination. Vous avez joui d’une bonne nuit de repos, vos bottes sont bien cirées, le lavabo est à un des bouts du wagon, et vous avez la satisfaction d’avoir parcouru deux ou trois cents milles d’une traversée ennuyeuse, presque sans vous en être aperçu. Un rideau sépare la portion du wagon réservée aux dames du compartiment des hommes. Cependant il arriva une fois que, comme nous ne trouvions dans celui-ci que deux cases, Treemiss eut la faveur toute particulière d’être admis dans le quartier des dames, où l’on ne reçoit ordinairement que des hommes mariés. Pour lui