Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/28

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Nous n’emportions que peu de provisions, car nous étions convaincus que notre voyage ne durerait pas au delà de huit à dix jours, et nous savions que nous trouverions, tout le long de la rivière, des canards en quantité. Il nous parut donc suffisant d’avoir une vingtaine de livres de farine et de pemmican[1] ; une dizaine environ, de viande salée de porc, un peu de graisse, de l’amadou et des allumettes, une petite quantité de thé, du sel, du tabac et beaucoup de munitions. Une marmite en fer blanc, une poêle à frire, quelques couvertures et, pour chacun de nous, un vêtement imperméable, une hachette, un fusil et un couteau de chasse : tels étaient les compléments de notre équipage.

Comme nous achevions nos préparatifs, un autre métis accourut, tout agité, avec la nouvelle qu’une bande de guerriers sioux rôdait dans les environs. Sorti pour aller chasser le cerf, il avait tout à coup découvert plusieurs Indiens qui se dérobaient sous le bois. Leur peinture et leur équipement lui avaient fait connaître que c’étaient des Sioux sur le sentier de la guerre. Comme les Indiens n’avaient pas l’air de l’avoir aperçu, il avait tourné le dos et pris la fuite, et il avait réussi à rentrer dans l’établissement sans avoir été poursuivi. Nous n’ajoutâmes pas plus de foi à son récit qu’aux avis que nous avions reçus précédemment, et, le lendemain, nous partîmes tout seuls. Et cependant, ces rumeurs et ces renseignements sur l’esprit hostile qui animait les Sioux, si légèrement traités alors par nous, n’étaient que trop fondés, comme le lecteur ne l’ignore pas. Au moment de notre départ, l’Iroquois vint s’asseoir sur la berge ; il fumait en silence et ne témoignait, ni par mot ni par signe, qu’il eût quelque intention d’accepter l’offre que nous lui avions faite la veille. Milton avec Rover était dans le plus petit canot ; Treemiss et Cheadle dirigeaient le plus grand. D’abord notre navigation ne fut pas fort habilement conduite, et nous nous trou-

  1. Voir comment les femmes des métis font le pemmican, p. 60 et 61. (Trad.)