Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/50

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qui souvent se prolonge jusqu’à une heure avancée du lendemain. Peu à peu la plupart des hôtes deviennent incapables de danser. En effet, le rhum coule abondamment dans ces occasions et, quand un métis boit, il le fait, suivant son expression, comme il faut, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il se procure le bonheur si désiré d’une ivresse complète. La vanité est un autre de leurs défauts habituels. Pour obtenir la possession enviée d’une belle parure, d’un fusil, d’un cheval et d’une meute de chiens qui flatte leur fantaisie, ils laisseront manquer de quoi vivre eux et leurs familles. Profondément superstitieux, croyant fermement aux songes, aux présages, aux pressentiments, ils sont tout naturellement les fervents disciples de l’Église romaine. Soumis complètement à l’influence cléricale et observateurs scrupuleux des formes extérieures de leur culte, ils n’en sont pas moins grossièrement immoraux, souvent déshonnêtes et généralement peu dignes de confiance.

Mais, comme chasseurs, guides ou voyageurs, ils n’ont pas de rivaux, Plus puissamment bâtis ordinairement que les purs Indiens, ils joignent à l’esprit de ressource et à la faculté de supporter la fatigue, comme ceux-ci, la force musculaire et la persévérance du blanc. Qu’ils aient des vivres en abondance ou qu’ils en manquent ; qu’ils aient une charge sur le dos, tendent des trappes dans les bois, frayent avec des chaussures appropriées un sentier dans la neige profonde pour les chiens attachés aux traîneaux, ou qu’ils les suivent sur un sentier battu en courant du matin jusqu’au soir, ils iront sans s’arrêter, faisant pendant une semaine cinquante à soixante milles d’une traite, chaque jour, sans trahir le moindre signe de fatigue.

L’autre portion des colons établis près de la Rivière Rouge se compose des Anglais et des Écossais avec ce qu’il y a de mieux parmi leurs parents métis. Elle forme un agréable contraste avec leurs voisins, les Français. Ils sont économes, industrieux et la plupart d’entre eux s’assurent une existence aisée. Quel-