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ques-uns des métis, qui tiennent plus de l’Indien que de l’Anglais, ont, il est vrai, peu de supériorité sur les Canadiens ; mais ce doivent être des exceptions, car nous n’en avons guère rencontré qui égalassent les métis français en paresse et en frivolité.

Ces différentes classes ont chacune son canton à part dans la colonie. Les Anglais et les Écossais ont leur établissement à l’ouest de la Rivière Rouge et au nord de l’Assiniboine ; tandis que les Français sont au sud de l’Assiniboine et à l’est de la Rivière Rouge. Les Indiens qui fréquentent le fort Garry appartiennent à la tribu de Sauteux et à quelques autres qui dépendent de la grande nation des Chipeouays ; on y voit aussi des Cries et des Assiniboines. Quant aux Sioux, qui sont les ennemis de tous ceux que nous venons de nommer, ils ne visitent que rarement la colonie, en temps de paix.

Les deux plus grands événements qui ont lieu chaque année à la Rivière Rouge, ce sont les chasses du printemps et de l’automne ; car le bison fournit encore les principales provisions pour la nourriture. Le pemmican et la viande desséchée, comme chez nous le lard, font toujours la base de l’alimentation de chaque famille. Donc, aux saisons convenables, toute la population des métis bien portants se dirige en un seul corps vers les plaines, emmenant avec elle les chevaux et les charrettes. Beaucoup de fermiers, qui ne partent pas en personne, louent des métis, qui chassent pour leur compte. Ces expéditions prennent à présent de larges proportions. Souvent elles sont composées de plus de cinq cents chasseurs, qui se font accompagner de leurs femmes et de leurs enfants pour préparer les repas. Il n’est pas rare que le nombre des charrettes qui les suivent monte à quinze ou seize cents. Dès que le bison est découvert, les cavaliers se forment en ligne et s’avancent le plus près possible avant que le troupeau se mette en fuite. À ce moment, le capitaine donne l’ordre, et tous s’élancent, aussi vite que peuvent les porter leurs chevaux, au milieu du troupeau. Les bêtes les plus grasses