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jours, nous parcourûmes un pays riche, tout pareil à un parc, et fort semblable à celui que nous avions déjà visité. De l’eau et des étangs sans nombre, fourmillant de volaille sauvage, nous fournissaient des repas abondants, et entretenaient l’activité de Rover. Les oies du Canada, les oies blanches, les canards ordinaires, les canards sauvages, les canards à large bec, diverses espèces de milouins, les sarcelles aux ailes bleues et les sarcelles communes : tel était le gibier qui peuplait les eaux. Parfois la chasse prenait un nouvel intérêt par la rencontre d’autres espèces de canards, ou d’une volée de cignes blancs. Dans cette saison, les canards sont délicieux parce qu’ils réunissent à la saveur du canard sauvage la graisse et la délicatesse du canard apprivoisé. Les couvées des tétras de prairie avaient déjà atteint leur taille, et étaient abondantes. Quand on les avait poussées dans les bouquets ronds de trembles qui forment un des traits caractéristiques de ce pays semblable à un parc, elles fournissaient une chasse pleine d’attraits.

Nous jouissions alors de l’été de l’Amérique septentrionale dans toute sa splendeur. Les journées avaient l’éclat sans nuage qui est presque propre à cette région. La température était délicieuse, excepté pendant les nuits où il gelait un peu. si bien que l’eau montrait parfois le matin une mince croûte de glace. La première soirée froide avait fait fuir les cousins et les moustiques, et désormais nous dormions en paix.

Après avoir passé auprès du vieux fort abandonné sur les collines de Touchwood, nous arrivâmes, au bout d’un jour ou deux, dans une série de prairies onduleuses, dénudées, sans arbres ni buissons, dont les fonds n’étaient occupés que par des lacs salés, et où nous étions obligés de porter avec nous notre provision de bois à brûler et d’eau douce. Quand nous retrouvâmes le pays de parc, Cheadle et La Ronde, chassant en avant du convoi, un soir qu’il faisait sombre, arrivèrent à un petit bois développé sur les bords d’un étang. Là, ils attendirent les char-