Page:Milton - Le Paradis perdu, trad. de Chateaubriand, Renault et Cie, 1861.djvu/180

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herbes avant qu’elles grandissent sur la verte tige. Dieu vit que cela était bon. Et le soir et le matin célébrèrent le troisième jour. « Le Tout-Puissant parla encore :

« — Que des corps de lumière soient faits dans la haute étendue du ciel, afin qu’ils séparent le jour de la nuit ; et qu’ils servent de signes pour les saisons et pour les jours et le cours des années, et qu’ils soient pour flambeaux ; comme je l’ordonne, leur office dans le firmament du ciel sera de donner la lumière à la terre ! » — Et cela fut fait ainsi.

« Et Dieu fit deux grands corps lumineux (grands par leur utilité pour l’homme), le plus grand pour présider au jour, le plus petit pour présider à la nuit. Et il fit les étoiles, et les mit dans le firmament du ciel pour illuminer la terre, et pour régler le jour, et pour régler la nuit dans leur vicissitude, et pour séparer la lumière d’avec les ténèbres. Dieu vit, en contemplant son grand ouvrage que cela était bon.

« Car le soleil, sphère puissante, fut celui des corps célestes qu’il fit le premier, non lumineux d’abord, quoique de substance éthérée. Ensuite il forma la Lune globuleuse et les étoiles de toutes grandeurs, et il sema le ciel d’étoiles comme un champ. Il prit la plus grande partie de la lumière dans son tabernacle de nuée, il la transplanta et la plaça dans l’orbe du soleil, fait poreux pour recevoir et boire la lumière liquide, fait compacte pour retenir ses rayons recueillis, aujourd’hui grand palais de la lumière. Là, comme à leur fontaine, les autres astres se réparant, puisent la lumière dans leurs urnes d’or, et c’est là que la planète du matin dore ses cornes. Par impression ou par réflexion ces astres augmentent leur petite propriété, bien que, si loin de l’œil humain, on ne les voie que diminués. D’abord dans son orient se montra le glorieux flambeau, régent du jour ; il investit tout l’horizon de rayons étincelants, joyeux de courir vers son occident sur le grand chemin du ciel : le pâle crépuscule et les pléiades formaient des danses devant lui, répandant une bénigne influence.