Page:Milton - Le Paradis perdu, trad. de Chateaubriand, Renault et Cie, 1861.djvu/296

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(j’appelle ces lieux par leurs noms, quoiqu’ils soient encore sans noms) : depuis Hermon au levant, jusqu’à la grande mer occidentale. Ici le mont Hermon ; là la mer. Regarde chaque lieu en perspective comme je te les indique de la main : sur le rivage, le mont Carmel ; ici le fleuve à deux sources, le Jourdain, vraie limite à l’orient ; mais les fils de cet homme habiteront à Senir cette longue chaîne de collines.

« Pèse ceci : toutes les nations de la terre seront bénies dans la race de cet homme. Par cette race est désigné ton grand libérateur, qui écrasera la tête du serpent, ce qui te sera bientôt plus clairement révélé.

« Ce patriarche béni (qui dans un temps prescrit sera appelé le fidèle Abraham) laissera un fils, et de ce fils un petit-fils, égal à lui en foi, en sagesse et en renom. Le petit-fils, avec ses douze enfants, part de Chanaan pour une terre, appelée Égypte dans la suite, que divise le fleuve le Nil. Vois où ce fleuve coule et se décharge dans la mer par sept embouchures. Le père vient habiter cette terre dans un temps de disette, invité par un de ses plus jeunes enfants, fils que de dignes actions ont élevé au second rang dans ce royaume de Pharaon.

« Il meurt, et laisse sa postérité qui devient une nation. Cette nation maintenant accrue cause de l’inquiétude à un nouveau roi qui cherche à arrêter leur accroissement excessif, comme aubains trop nombreux : pour cela, contre les droits de l’hospitalité, de ses hôtes il fait des esclaves, et met à mort leurs enfants mâles ; jusqu’à ce que deux frères (ces deux frères, nommés Moïse et Aaron) soient suscités de Dieu pour tirer ce peuple de la captivité, pour le reconduire avec gloire et chargé de dépouilles vers leur terre promise.

« Mais d’abord le tyran sans loi (qui refuse de reconnaître leur Dieu ou d’avoir égard à son message) doit y être forcé par des signes et des jugements terribles : les fleuves doivent être convertis en sang qui n’aura point été versé ; les grenouilles, la vermine, les moucherons doivent remplir tout le palais du roi et remplir tout le pays de leur intrusion dégoû-