Page:Milton - Le Paradis perdu, trad. de Chateaubriand, Renault et Cie, 1861.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étendit ses lascives orgies jusqu’à la colline du Scandale, près du bois de l’homicide Moloch, l’impudicité tout près de la haine ; le pieux Josias les chassa dans l’enfer.

Avec ces divinités vinrent celles qui du bord des flots de l’antique Euphrate jusqu’au torrent qui sépare l’Égypte de la terre de Syrie, portent les noms généraux de Baal et d’Astaroth ; ceux-là mâles, celles-ci femelles ; car les esprits prennent à leur gré l’un ou l’autre sexe, ou tous les deux à la fois ; si ténue et si simple est leur essence pure : elle est ni liée ni cadenassée par des jointures et des membres, ni fondée sur la fragile force des os, comme la lourde chair ; mais dans telle forme qu’ils choisissent, dilatée ou condensée, brillante ou obscure, ils peuvent exécuter leurs résolutions aériennes, et accomplir les œuvres de l’amour ou de la haine. Pour ces divinités, les enfants d’Israël abandonnèrent souvent leur force vivante, et laissèrent infréquenté son autel légitime, se prosternant bassement devant des dieux animaux. Ce fut pour cela que leurs têtes inclinées aussi bas dans les batailles, se courbèrent devant la lance du plus méprisable ennemi.

Après ces divinités en troupe parut Astoreth, que les Phéniciens nomment Astarté, reine du ciel, ornée d’un croissant ; à sa brillante image nuitamment en présence de la lune, les vierges de Sidon payent le tribut de leurs vœux et de leurs chants. Elle ne fut pas aussi non chantée dans Sion, où son temple s’élevait sur le mont d’Iniquité : temple que bâtit ce roi, ami des épouses, dont le cœur, quoique grand, séduit par de belles idolâtres, tomba devant d’infâmes idoles.

À la suite d’Astarté vient Thammuz, dont l’annuelle blessure dans le Liban attire les jeunes Syriennes, pour gémir sur sa destinée dans de tendres complaintes, pendant tout un jour d’été ; tandis que le tranquille Adonis, échappant de sa roche native, roule à la mer son onde supposée rougie du sang de Thammuz, blessé tous les ans. Cette amoureuse histoire infecta de la même ardeur les filles de Jérusalem, dont les molles voluptés sous le sacré portique furent vues d’Ézéchiel, lorsque, conduit par