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LA LINGUANMANIE

excès physiques et moraux, qui tous tendent à la jouissance de l’objet par lequel peut être assouvie la passion ardente dont on est agité.

Cette fièvre dévorante s’appelle chez les femmes nymphomanie[1] ; elle s’appellerait chez les hommes mentulomanie, s’ils y étaient aussi sujets qu’elles ; mais leur conformation s’y oppose, et plus encore leurs mœurs, qui, exigeant moins de retenue et de contrainte, et ne comptant la pudeur qu’au nombre de ces raffinements dont l’industrie humaine a su embellir ou nuancer les attraits de la nature, ne les exposent point aux ravages des désirs trop réprimés ou trop exaltés. D’ailleurs, nos organes étant beaucoup plus susceptibles de mouvements spontanés que ceux de l’autre sexe, l’intensité des désirs peut rarement être aussi dangereuse, bien que les hommes, aussi bien que les femmes, aient des maladies produites par une cause à peu près pareille[2], mais dont une constitution mâle, plus aisée à détendre, ne saurait être aussi longtemps pénétrée.

Il serait triste, il serait hideux de raconter les effets si bizarres de la nymphomanie. Peut-être le dérèglement de l’imagination y contribue-t-il beaucoup plus que l’énergie vénérienne que le sujet qui en est attaqué a reçu de la nature. En effet, le prurit de la vulve n’est point du tout la nymphomanie. Le prurit peut être, à la vérité, une disposition à cette manie ; mais il ne faut pas croire qu’il en soit toujours suivi. Il excite, il force à porter les doigts dans les conduits irrités, à les frotter pour se procurer du soulagement, comme il arrive dans toutes les parties du corps que l’on agace

  1. Νυμφομανια.
  2. Le satyriasis, le priapisme, la salacie, etc.