Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/73

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Sagesse ! — Vous aimez au vespéral jardin
ces parfums merveilleux qui donnent un vertige ;
vous aimez ce jasmin qui tremble sur sa tige,
et, sous les orangers, cet iris clandestin ;

vous aimez la fraîcheur du matin diaphane,
ce svelte minaret sur le rouge couchant,
le verset du muezzin qui plane comme un chant,
la frise en mouvement de cette caravane ;

vous aimez ce repos que prend le chamelier
au bord d’une oasis frémissante de palmes,
et vous aimez, Sagesse indifférente et calme,
le vol harmonieux d’un pigeon familier ;

vos talons ont baigné dans l’eau de la fontaine,
votre souffle a vibré dans ce double bambou,
l’obole déposée au proche marabout
a su vous préserver de l’embûche certaine…

Et voici que pareille aux torpides déserts,
fidèle au chapelet de vos mains nonchalantes,
ou courbant votre rêve à ces spirales lentes
qui vont des narghilehs se mourir dans les airs,