Page:Mirbeau - Eugène Carrière, paru dans l’Écho de Paris, 28 avril 1891.djvu/9

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la devine dans l’œil suppliant des mères, et dans leurs héroïques mains qui, sous la caresse, semblent disputer, à l’éternelle Ennemie, le corps frêle et souriant des aimés.

Et c’est ce qui me rend cette œuvre si particulièrement chère ; car Eugène Carrière est quelque chose de plus qu’un peintre, il est un admirable et visionnaire poète, et il a mis dans ses toiles plus que de la peinture, il y a mis de la plus noble bonté et de la plus haute philosophie.

OCTAVE MIRBEAU.

P.-S. — Je remercie les peintres protestataires qui, dans la réunion de jeudi dernier, ont bien voulu me nommer membre de leur comité. Leur sympathie me touche, mais je ne saurais accepter l’honneur qu’ils me font. J’ai toujours refusé de faire partie d’un comité quel qu’il soit, car j’ai toujours pensé que les comités ne servaient à rien, qu’à embrouiller les questions qu’ils étaient chargés d’élucider. Et puis, dans le cas présent, je ne suis pas pour l’organisation de l’art. Je suis pour sa désorganisation. Cela ne m’empêche pas de suivre, avec un amical intérêt, la campagne si énergiquement menée par M. Anquetin.

O. M.