Page:Mirbeau - Interview, paru dans l’Écho de Paris, 27 octobre 1890.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’illustre écrivain

Tant que vous voudrez !… Mais pas comme journaliste… Comme ami !

Le reporter (il tâte chaque meuble, chaque bibelot et les note)

C’est admirable !… C’est admirable !… (Il examine le nécessaire de voyage). C’est merveilleux !…

L’illustre écrivain

Il est amusant, n’est-ce pas ?… Il vient de Londres… C’est tout à fait nouveau… Cent-cinquante deux pièces !… Par exemple, c’est cher… Cinq mille.

Le reporter

Cinq mille !… C’est merveilleux !… (Il note). Et ces habits !… Oh ! ces habits ?… C’est merveilleux !…

L’illustre écrivain

Ils viennent de Londres aussi… J’en ai d’autres !… toute une symphonie de couleurs !…

Le reporter

C’est merveilleux ! (Il note).

L’illustre écrivain

J’achète tout à Londres, maintenant… mes chapeaux… mes bottines… mes cravates… mes parapluies… En France, on n’a pas de chic !… Et puis, c’est amusant !… J’ai cent trois cravates !

Le reporter

Cent trois cravates !… c’est merveilleux !… (Il note).

L’illustre écrivain

Quarante paires de bottines !