Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/141

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réconciliation… il faut tant de prudence… ne froisser personne… Tout cela est d’une délicatesse !…

L’abbé sembla prendre un vif intérêt aux embarras de son évêque.

— Sans doute, fit-il, c’est très délicat… Voulez-vous que nous en causions un peu ?…

— Je ne demande pas mieux, balbutia l’évêque qui ne put dissimuler une grande inquiétude… Mais vous êtes… vous êtes bien ardent, mon cher abbé… Les jeunes gens ne voient pas les choses comme les vieillards… Ils vont, ils vont… et puis… tandis que… voilà…

Il balançait la tête, d’un air grave ; son front se plissait ; ses lèvres, collées l’une contre l’autre, laissaient échapper des petits claquements brefs et clairs. L’abbé répondit d’une voie onctueuse, en s’inclinant respectueusement :

— Aussi, Monseigneur, ne me permettrai-je pas de vous donner un conseil… Je tiens seulement à vous répéter ce qui se dit de vous, dans le monde catholique…

L’évêque eut un soubresaut. Ses yeux étaient devenus tout ronds, effarés.

— On dit quelque chose de moi dans le monde catholique ?… Et que dit-on ?

— D’abord, il n’y a qu’une voix pour approuver la façon dont vous administrez le diocèse… On fait de votre piété, de votre charité, de votre justice, les plus grands éloges… seulement on se plaint que, dans cer-