Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/304

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t-il… J’aurais plaisir à vous tuer, vieille harpie, à vous tuer de cette mort atroce !…

Pendant ce temps, le curé Blanchard avait entrebâillé la porte, montrait sa tête rouge et luisante. Mon oncle l’aperçut, se retourna contre le mur et ne bougea plus. Il fut impossible de lui arracher une seule parole. Aux questions du curé, il ne répondit rien, et les dents serrées, les pommettes éclaboussées d’un rouge plus vif, les yeux fixés sur un point vague de la cloison, il demeura immobile et sombre. Seuls, ses doigts se crispaient sur les plis du drap, qu’ils tordaient. J’entendais son cœur battre, par coups précipités dans sa poitrine, et ses dents grincer les unes contre les autres. Le curé leva vers le plafond ses bras découragés, et, reconduit par ma mère, il finit par sortir de la chambre en chuchotant des mots scandalisés.

— Voulez-vous que je reprenne la lecture, mon oncle ? demandai-je, un peu honteux de n’avoir pas tenu ma promesse, et croyant faire une diversion à cette scène pénible.

Le malade ne remua pas. Et je l’entendis qui, d’une voix basse et tremblée, chantonna :


Le curé lui d’manda
Lari ra
Le curé lui d’manda :

Qu’as-tu sous ton jupon
Lari ron
Qu’as-tu sous ton jupon ?