Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/108

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Les gendarmes, très rouges, arrivèrent… Le brigadier, énorme, demanda :

— Qu’est-ce qu’il y a ? Allez-vous-en !… Circulez !… Qu’est-ce qu’il y a ?

— Laissez passer les gendarmes !

— Qu’est-ce qu’il y a, nom de Dieu ?…

— Elle est morte !

— Elle est morte ?… Qui est morte ?… Allez-vous-en.

— Il l’a tuée !

— Il l’a tuée ?… Qui l’a tuée ?… Circulez !… Mais circulez donc, nom de Dieu !

Des poings, des coudes, de la poitrine, les gendarmes s’enfoncèrent dans la foule, jurant, interrogeant… Ils purent enfin pénétrer jusqu’au seuil de la maison, où M. Rodiguet, affolé, gémissait toujours :

— Ah ! mon Dieu !… Ah ! mon Dieu !…

De-ci, de-là, dans la foule, quelques voix commandèrent :

— Arrêtez-le !… C’est lui !…. Il l’a tuée !…

— Qui, lui ?… Où ça, lui ?…

— Rodiguet !… Rodiguet !… Rodiguet !… À mort !

— Oui ! Oui ! À mort ! À mort ! À mort !

À ce moment, le brigadier aperçut M. Rodiguet, affaissé, comme un paquet, contre la porte…

— Oui ! Oui ! C’est lui !… À mort !…