Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/119

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social — nous aura toujours donné l’exemple, le haut et vivifiant exemple d’une vertu — ah ! bien française, celle-là ! — d’une vertu merveilleuse entre toutes, d’une vertu qui fait les hommes forts et les peuples libres : l’Économie !

« Monsieur Quart aura été, parmi nous, le vivant symbole de l’épargne… de cette petite épargne, courageuse et féconde, que nulle déception n’atteint, que nul malheur ne lasse et qui, sans cesse trompée, volée, ruinée, n’en continue pas moins d’entasser, pour les déprédations futures et au prix des plus inconcevables privations, un argent dont elle ne jouira jamais, et qui jamais ne sert, n’a servi et ne servira qu’à édifier la fortune, et à assouvir les passions… des autres.

« Abnégation merveilleuse ! Tire-lire idéale, ô bas de laine !

« Ce sera l’honneur de Monsieur Quart, dans une époque troublée comme la nôtre, d’être demeuré fidèle, per fas et nefas, comme dit le poète, à des traditions nationales et gogotesques, où notre optimisme se réconforte, si j’ose m’exprimer ainsi, car, comme l’a écrit un grand philosophe, dont je ne sais plus le nom : « l’épargne est la mère de toutes les vertus, et le principe de toutes les richesses nationales. »

« Et, maintenant, Joseph-Émile Quart, adieu ! »

Malgré ses réticences et ses obscurités, ce