synthétique, à la mine de plomb, je ne l’eusse point représentée autrement que par un temple grec, ayant un gendarme à sa base, un gendarme à son faîte. Peut-être même, il m’eût paru grandiose d’y ajouter, au-dessus d’un paysage symbolique, dans le ciel clair, le chapeau légendaire irradiant sur le monde, comme un soleil. Hélas ! où sont les virginités des impressions de l’enfance ?… Je gardai cette généreuse illusion jusqu’à l’âge de quatorze ans, et ce fut un gendarme lui-même qui se chargea de me l’enlever. Il s’appelait Barjeot.
Barjeot était un énorme gaillard, dont la trogne reluisait splendidement, comme si, tous les matins, il eût pris le soin de l’astiquer en même temps que sa giberne. Et, de fait, il ne manquait point de l’astiquer, cette trogne éclatante, richement ornée de bubelettes vives, décorée d’un entrelacs de veines bleues, jaunes, violettes, écarlates ; mais ce n’était point avec du tripoli ni du blanc d’Espagne qu’il l’astiquait. Bon compagnon, farceur, toujours prêt à boire un verre de trois-six et à caresser le menton d’une fille, il avait conquis, dans le pays, une véritable popularité. Cette popularité venait surtout de ce que Barjeot se grisait régu-