stupéfiante. Il se nommait Boulet-Milord. Pourquoi Milord ? Personne ne connut jamais la raison de ce sobriquet. Aussi l’appelait-on Milord, de préférence à Boulet. Barjeot entretenait avec Milord, paraît-il, des relations clandestines et cordiales. Assez souvent, il partait, le soir, sous prétexte de tournée, pour le bois de Daguenette, et passait des nuits en compagnie de Milord, à boire, à faire le diable sait quoi, car on prétendait que la maison du braconnier était hantée par les beautés forestières d’alentour. Ce qu’il y a de certain, c’est que Barjeot rapporta plusieurs fois un lièvre, un faisan, de ces visites nocturnes, et toute la gendarmerie s’en régala.
Une nuit, Milord dit à Barjeot :
— Pourquoi qu’ tu ne viendrais pas à l’affût avec moi ?
Et Barjeot répondit :
— À l’affût !… mais j’ suis gendarme !
— Gendarme, t’éi ! siffla Milord… Imbécile, si tu étais gendarme, est-ce que tu serais icite ? Allons, viens-tu ?…
Barjeot hocha la tête, se gratta le nez :
— À l’affût !… à l’affût !… Tout d’ même !
— Ah ! sacré Barjeot, va !
Ils partirent. La nuit était claire ; la lune brillait, très haut, dans le ciel.
Milord et Barjeot s’engagèrent dans le bois,