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Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/20

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traversèrent un taillis, puis une courte futaie. Milord huma le vent, comme un chien de chasse. Une belle clairière s’étendait devant eux et l’ombre des troncs d’arbres s’allongeait sur la clairière.

— C’est ben, dit Milord à voix basse… Arrêtons-nous.

S’adressant à Barjeot, il commanda :

— Té, allonge-té d’rière c’te âbre… Écarquille les yeux et tâche moyen de ne pas éternuer.

Barjeot ne répondit pas. Il se coucha sur la bruyère humide, mal à l’aise, inquiet du frémissement du bois. Au loin, un renard qui chassait aboya.

Il y avait un quart d’heure qu’ils attendaient, l’un près de l’autre, le fusil au poing. Deux lapins traversèrent lentement la clairière.

— Ne tire pas, dit Milord… Ren que des chevreuils ou ben des biches !

Et tout à coup, sur le sol, une ombre remua, rampa, puis un homme se dressa, tout droit, devant eux, immense dans la clarté lunaire.

— Ah ! j’ vous y prends, c’ coup-ci ! cria l’homme ; canaille !

Une arme reluisait dans ses mains, une plaque brillait sur sa poitrine.