Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/52

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vrettes, derrière les cépées, et bondir les écureuils, la queue en l’air, au bout des pins…

Depuis deux heures Rabalan travaillait avec acharnement. Son casse-pierres se levait et s’abaissait, en un mouvement rythmique, sur les cailloux. De temps en temps, il s’arrêtait pour se frictionner le crâne qui lui faisait terriblement mal. Il ne pensait d’ailleurs à rien, et les petits éclats de pierre volaient autour de lui. Tout à coup, il entendit une voix qui l’appelait.

— Hé ! Rabalan !

Rabalan se détourna.

— Ah ! c’est vous, Maît’ Bottereau, dit-il respectueusement… Bonjour, Mait’ Bottereau !

— Bonjour, sorcier.

Maît’ Bottereau était un gros homme sec, couleur de vin, aux yeux vifs, à la bouche malicieuse. Maire de Trélotte, grand cultivateur, il possédait huit machines à battre qu’il louait dans le pays, sa récolte terminée, et avec lesquelles il gagnait chaque année, beaucoup d’argent… On l’estimait énormément.

— Rabalan, mon gâs, fit-il, faut qu’ tu viennes à quant et mé, à la Ferme-Neuve, tout tout d’ suite…