qui nous laisse dans la misère, qui nous vole, attendiment qu’elle empifre, avec notre argent, un tas de Roubieux, un tas de goinfres… Ta mè, ça ?… Ah ! bon sens de bon sens !… Tu n’ seras jamais qu’une chiffe, tiens !
— C’est bon, c’est bon ! dit Goudet.
Il passa sa blouse et se dirigea vers la porte.
— Où qu’tu vas ? demanda sa femme.
— J’vas où j’vas.
De la Golardière, petit hameau où ils habitaient, à Bretoncelles où demeurait la mère Goudet, la distance est de deux kilomètres à peine. Goudet avançait rapidement. En un quart d’heure il fut sur la place. C’était jour de marché. Il se mêla aux groupes des paysans, causa avec celui-ci, arrêta celui-là, donna son avis sur la qualité du blé, dont les sacs, appuyés l’un contre l’autre, s’alignaient, sur un quadruple rang de dalles en pierre grise, s’enquit de la valeur des colzas.
— Ça va-t-il les affaires, maît’ Aveline ? demanda-t-il à un gros homme qui plongeait ses mains dans les sacs, en retirait des poignées de grains qu’il soupesait, flairait et rejetait ensuite, en hochant la tête d’un air mécontent.
— Point fô, mon gas, point fô, répondit maît’ Aveline… Et té ?
— Vous êtes ben honnête, maît’ Aveline… Je suis quasiment triste, rapport à ma mè.