Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/211

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les feuilles du ricin, enlaçait de ses ventouses un immense arbre mort, montait jusqu’au faîte du branchage et, de là, retombait en cataracte, en avalanche, protégeant toute une flore d’ombre qui s’épanouissait à la base entre les nefs, les colonnades et les niches formées par ses sarments croulants. Là, un stéphanandre exhibait son feuillage paradoxal, précieusement ouvré comme un cloisonné et dont je m’émerveillais qu’il passât par toute sorte de colorations, depuis le vert paon jusqu’au bleu d’acier, le rose tendre jusqu’au pourpre barbare, le jaune clair jusqu’à l’ocre brun. Tout près, un groupe de viburnums gigantesques, aussi hauts que des chênes, agitaient de grosses boules neigeuses à la pointe de chaque rameau.

De place en place, agenouillés dans l’herbe, ou perchés sur des échelles rouge, des jardiniers faisaient courir des clématites sur de fines armatures de bambous ; d’autres enroulaient des ipomées, des calystégies sur de longs et minces tuteurs de bois noir… Et, partout, dans les pelouses, les lis élevaient leurs tiges, prêtes à fleurir.

Arbres, arbustes, massifs, plantes isolées