Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/254

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— Allez, mes chéris… allez donc plus vite… Là où vous allez, il y a encore plus de douleurs, plus de supplices, plus de sang qui coule et s’égoutte à travers le sol… plus de corps tordus, déchirés, râlant sur les tables de fer… plus de chairs hachées qui se balancent à la corde des gibets… plus d’épouvante et plus d’enfer… Allez, mes amours, allez, lèvres contre lèvres et la main dans la main. Et regardez entre les feuillages et les treillages, regardez se développer l’infernal diorama, et la diabolique fête de la mort.

Toute frémissante, les dents serrées, ses yeux redevenus ardents et cruels, Clara s’était tue… Elle s’était tue et, tout en marchant, elle écoutait la voix des fleurs en qui elle reconnaissait sa propre voix à elle, sa voix des jours terribles et des nuits homicides, une voix de férocité, de volupté, de douleur aussi, et qui, en même temps que des profondeurs de la terre et des profondeurs de la mort, semblait venir des profondeurs, plus profondes et plus noires, de son âme.

Un bruit strident comme un grincement de poulie traversa l’air… Puis, ce fut quel-