Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Clara !… ma petite Clara !… Il ne faut pas défier ses forces… il ne faut pas défier son âme… Rentrons, je t’en prie !…

Mais elle protesta :

— Non… non… laisse-moi… ne dis rien… ce n’est rien… Je suis heureuse !

Et, vivement, elle se dégagea de mon étreinte :

— Tu vois !… Il n’y a même pas de sang sur mes souliers…

Puis, agacée :

— Dieu ! que ces mouches sont assommantes !… Pourquoi y a-t-il tant de mouches ici ?… Et ces horribles paons, pourquoi ne les fais-tu pas taire ?

J’essayai de les chasser… quelques-uns s’obstinèrent à leur glane sanglante ; quelques-uns, lourdement s’envolèrent et, poussant des cris plus stridents, ils se perchèrent non loin de nous, au haut des palissades, et dans les arbres d’où leurs traînes retombèrent, pareilles à des écroulements d’étoffes brodées d’éblouissants joyaux…

— Sales bêtes !… fit Clara.

Grâce aux sels dont elle avait longuement respiré les émanations cordiales, grâce surtout à son implacable volonté de ne pas dé-