Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/300

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— Si vous voulez me faire plaisir… taisez-vous !… Je n’aime pas qu’on me parle à cette heure !…

Sa voix est sèche, coupante, impérieuse… Nous voilà partis… Nous traversons le pont, elle devant, moi derrière, et nous nous engageons dans les petites allées qui serpentent à travers les pelouses. Clara marche à pas brusques, par saccades, péniblement… Et telle est l’invulnérable beauté de son corps, que ces efforts n’en rompent point la ligne harmonieuse, souple et pleine… Ses hanches gardent une ondulation divinement voluptueuse… Même, quand son esprit est loin de l’amour, qu’il se raidit, se crispe et proteste contre l’amour, c’est de l’amour, toujours, ce sont toutes les formes, toutes les ivresses, toutes les ardeurs de l’amour qui animent, et pour ainsi dire, modèlent ce corps prédestiné… En elle, il n’est pas une attitude, pas un geste, pas un frisson, il n’est pas un froissement de sa robe, un envolement de ses cheveux, qui ne crient l’amour, qui ne suent l’amour, qui ne laissent tomber de l’amour et de l’amour autour d’elle, sur tous les êtres et sur toutes les choses. Le sable de l’allée crie