Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/311

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blant, avec une voix très douce, je murmurais :

— Clara !… Clara !… Clara !…

Elle ne m’entendait pas, ne me voyait pas, la face perdue dans le coussin. Son chapeau avait glissé de ses cheveux dont l’or roux prenait, sous les reflets de la lanterne, des tons de vieil acajou, et, débordant la robe, ses deux pieds, chaussés de peau jaune, gardaient encore, çà et là, de petites taches de boue sanglante.

— Clara !… Clara !… Clara !…

Rien que le chant de l’eau et les musiques lointaines et, entre les rideaux du baldaquin, là-bas, la montagne en feu de la ville terrible, et plus près, les reflets rouges, verts, les reflets alertes, onduleux, semblables à de minces anguilles lumineuses, qui s’enfonceraient dans le fleuve noir.


Un choc de la barque… Un appel de la Chinoise… Et nous accostions une sorte de longue terrasse, la terrasse illuminée, toute bruyante de musiques et de fêtes, d’un bateau de fleurs.


Ki-Paï amarra la barque à des crochets de