Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/317

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gement obscènes, d’impudiques ivoires, des phallus en gomme rose et des livres enluminés où étaient reproduites, par le pinceau, les mille joies compliquées de l’amour…

— De l’amour !… de l’amour !… qui veut de l’amour ?… J’ai de l’amour pour tout le monde !…

Pourtant, je me penchai sur Clara…

— Il faut la porter chez moi… commanda la Chinoise aux yeux peints.

Deux hommes robustes soulevèrent le brancard… Machinalement je les suivis…

Guidés par la courtisane, ils s’engagèrent dans un vaste couloir, somptueux comme un temple. À droite et à gauche, des portes s’ouvraient sur de grandes chambres, toutes tendues de nattes, éclairées de lumières roses très douces et voilées de mousselines… Des animaux symboliques, dardant des sexes énormes et terribles, des divinités bisexuées, se prostituant à elles-mêmes ou chevauchant des monstres en rut, en gardaient le seuil. Et des parfums brûlaient en de précieux vases de bronze…

Une portière de soie brodée de fleurs de pêcher s’écarta, et dans l’écartement deux têtes de femme se montrèrent… L’une