Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/324

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châtre… Un peu d’écume moussait à ses lèvres… Et, tout haletant, je gémissais :

— Mon Dieu… mon Dieu !… Est-ce possible ?… Et que va-t-il arriver ?

Ki-Paï ordonna :

— Maintenez-la… tout en laissant son corps libre… car il faut que les démons s’en aillent de son corps…

Et elle ajouta :

— C’est la fin… Tout à l’heure, elle va pleurer…

Nous lui tenions les poignets de façon à l’empêcher de se labourer la figure avec ses ongles. Et il y avait, en elle, une telle force d’étreinte que je crus qu’elle allait nous broyer les mains… Dans une dernière convulsion son corps s’arqua, des talons à la nuque… Sa peau tendue vibra. Puis la crise, peu à peu, mollit… Les muscles se détendirent, reprirent leur place, et elle s’affaissa, épuisée, sur le lit, les yeux pleins de larmes…

Durant quelques minutes, elle pleura, pleura… Larmes qui coulaient de ses yeux intarissablement et sans bruit, comme d’une source !

— C’est fini ! dit Ki-Paï… Vous pouvez lui parler…