Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/55

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Écoute-moi… J’ai beaucoup réfléchi… Il faut t’en aller… Dans ton intérêt, pour ton avenir, je n’ai trouvé que cela… Voyons !… Es-tu… comment dirai-je ?… es-tu embryologiste ?

Il lut ma réponse dans le regard effaré que je lui jetai.

— Non !… tu n’es pas embryologiste… Fâcheux !… très fâcheux !…

— Pourquoi me demandes-tu cela ? Quelle est encore cette blague ?

— C’est que, en ce moment, je pourrais avoir des crédits considérables — oh ! relativement ! — mais enfin, de gentils crédits, pour une mission scientifique, qu’on aurait eu plaisir à te confier…

Et, sans me laisser le temps de répondre, en phrases courtes, drôles, accompagnées de gestes bouffons, il m’expliqua l’affaire…

— Il s’agit d’aller aux Indes, à Ceylan, je crois, pour y fouiller la mer… dans les golfes… y étudier ce que les savants appellent la gelée pélasgique, comprends-tu ?… et, parmi les gastéropodes, les coraux, les hétéropodes, les madrépores, les siphonophores, les holothuries et les radiolaires… est-ce que je sais ?… retrouver la cellule pri-